Cette série sur l’industrie du textile a pour but de décortiquer les différentes étapes de la création d’un vêtement et d’y faire un lien avec l’impact sur l’environement.
E1 : Les matières premières 🌱
E2 : La transformation de la matière première au tissu 🧶
E3 : La teinture 💦
- PARTIE 1: L’impact des teintures sur l’environnement
- PARTIE 2: Les alternatives pour lutter contre la teinture industrielle
E4 : Le transport et la vente 💸
E5 : Le recyclage des vêtements ♻️
Des guides dédiés à chacune de ces matières seront édités par la suite. Pour le moment, nous nous focaliserons sur le processus de création d’un vêtement en coton.
Lorsque l’on parle de matière première dans l’industrie du textile, on pense bien évidemment à la production de coton. En effet, 40% de la création de textile est aujourd’hui réalisée à partir de coton. Dans notre article précédent “ T’as déjà mangé tes vêtements ?! 🤪” nous évoquions son incroyable consommation d’eau ou encore l’impact de cette culture sur l’usage de pesticides. Allez y faire un tour pour les détails!
➡️ T’as déjà mangé tes vêtements ?!
Mais l’industrie du textile, ce n’est pas que le coton, c’est aussi la viscose, le polyester, le lycra, le nylon, le cuir, le cuir végétal, la laine, le bambou, le polyamide ou encore l’eslasthane.
Pour créer un vêtement en coton, il faut donc faire pousser du coton à des échelles monstrueuses pour répondre aux attentes de la fast-fashion. Aujourd’hui, le coton représente 2,5% des espaces cultivés dans le monde et pourtant il représente plus de 25% de la quantité totale de pesticides utilisées dans le monde.
Mais en fait, le coton c’est quoi ?
Le coton entoure les graines du cotonnier qui sert à protéger celles-ci lors de l’éclosion des capsules, contenant les graines du cotonnier.
Voici quelques éléments vous permettant de comprendre comment et pourquoi est cultivé le coton:
5 à 6 mois et demi sont nécessaires pour une culture complète
2 à 4 tonnes de coton non égrainés sont récoltés par hectares
Le coton est récolté non égrainés et donc non commercialisable en l’état
500g de coton contient 32-33% de fibres, 52-54% de graines et 15% d’objets étrangers environ (pierres, feuilles, saletés, etc.) dans une récolte réalisée par des machines. Les taux diffèrent si la récolte est faite à la main.
64% des espèces de coton cultivées sont des OGM
Un plan de coton mesure, dans la nature, jusqu’à 10M. C’est réduit 1 à 2 M pour la culture intensive
La culture du coton, qui est principalement pluviale, exige une saison végétative longue avec beaucoup de soleil, suivi d’une période sèche en fin de cycle végétatif idéal pour l’ouverture des capsules et pour éviter le pourrissement de la fibre. Ces conditions climatiques sont souvent rencontrées dans les régions tropicales et subtropicales arides.
Les fibres de coton ont un bon pouvoir absorbant, 8,5% de leur poids en eau. C’est pour cette raison que le coton est majoritairement employé dans le linge de bain.
Le coton sert à la création de plus d’une dizaine de tissus dédié à différents types de textiles
Les méthodes de production et les résultats diffèrent beaucoup aujourd’hui car le coton est cultivé dans des pays avec de grosses différences économiques et réglementaires.
La production de coton est ultra centralisée 🌎
En effet, 5 pays dans le monde cultivent plus de 75% de la quantité totale de coton produite dans le monde:
Chine
Brésil
Pakistan
États-unis
Inde
Ces pays ont bien évidemment des législations très différentes en matière de production, d’usages de d’engrains et pesticides et d’utilisation d’OGM.
Au delà de ces aspects, le danger de la centralisation réside également dans la capacité de ces pays à contrôler le prix du coton, qui est une matière première côtée en bourse. En maîtrisant la quantité de coton stockée/vendue, ils peuvent distordre les règles du marché et appauvrir un peu plus des populations dépendantes des prix du coton.
Hormis dans les états-unis qui est un pays fortement développé et mécanisé, qui s’est d’ailleurs longtemps servi de l’esclavage pour cultiver le coton dans le sud des US, les cultivateurs des 4 autres pays sont bien souvent représentés par des classes démunies, pauvres et sujettes au réchauffement climatique.
Le coton, victime et acteur du réchauffement climatique 🥵
Fait marquant, il est aujourd’hui impossible de mesurer précisément l’impact de la culture du coton face au manque de traçabilité existant dans le système de production actuel.
Pourtant, si l’on prends l’exemple du Brésil, qui est un des 5 plus grand producteurs de coton au monde. Nous entendons régulièrement de nouveaux records de déforestations dans l’Amazonie, au travers de feux géants, détruisant toutes sources de vies.
Le sol des régions du centre-ouest du Brésil est très pauvre mais, avec l’aide d’engrais réparateurs et de conditions météorologiques propices à la culture du coton, cette culture s’est développée de manière considérable au cours des 15 dernières années, faisant ainsi passer le Brésil du statut d’importateur net de coton à celui d’exportateur net de coton. La chance du Brésil par rapport à d’autres pays producteurs et lié à son autonomie hydrique. La majorité de l’irrigation se fait grâce à la pluie.
Une aubaine ?
Pas sûr, selon les prévisions, les zones arides et semi-arides recevront encore moins de pluie en raison du changement climatique, ce qui provoquera une dégradation des terres agricoles et de la sécurité alimentaire. Les rendements devraient diminuer dans l’ensemble du territoire latino-américain d’ici la fin du 21e siècle, sauf dans les zones de moyenne altitude, où les effets de la fertilisation au CO2 pourront contrebalancer les effets néfastes. Nous nous dirigeons donc vers une culture toujours plus intensive en engrais et pesticides pour contrer le changement climatique. Cela, partout dans le monde.
Pour les autres pays, un stress hydrique de plus en plus fort se fera ressentir car les cultures de cotons ont longtemps été portées dans des zones inadaptées à sa culture.
Une culture intensive en eau et en engrais 🌾
Nous l’avons déjà évoqué, la production du coton est intensive en eau et en engrais car le cotonnier utilisé pour produire est issues de modifications génétiques dans 64 % des cas.
les OGMs combiné à la monoculture rendent les exploitations plus sensibles aux maladies et ont des besoins plus développé en apport nutritif (engrais & pesticides) afin de répondre à la demande croissante toujours plus forte.
L’usage de pesticides et d’engrais, se retrouve jusque dans le produit fini. En 2016, Greenpeace a étudié la présence de perturbateurs endocriniens dans des marques de textiles que vous connaissez sûrement: Adidas, nike, Uniqlo, Calvin Klein, Li Ning, H&M, Abercrombie & Fitch, Lacoste, Converse et Ralph Lauren (entre autres).
Résultat ? Des pertubateurs endocriniens (entre autres) étaient présent systématiquement dans les vêtements testés et achetés dans les magasins des marques.
Soulignons que les marques incriminées sont, de « grandes marques » qui n'hésitent pas à nous proposer des articles très coûteux, souvent au détriment de l'environnement, alors même que les coûts de fabrication, délocalisés, sont très faibles.
Nous l’aborderons plus longuement dans les étapes suivantes de la série dédiée à la fabrication de nos vêtements.
Les engrais et pesticides sont utilisé tout au long de la production du coton, on estime d’ailleurs que 150g de pesticides et engrais sont nécessaires pour produire un t-shirt.
De plus, 40 % des surfaces cultivées pour le coton sont irriguées.
Nous l’avons vu, ces trois éléments font qu’aujourd’hui la culture du coton dans le cadre de l’industrie du textile n’est pas viable à long terme pour le bien des consommateurs et de la planète.
Attachons nous maintenant à trouver des solutions pour diminuer notre impact, du point de vue du consommateur.
Les solution pour une consommation de coton plus responsable
Le point d’inflexion que nous avons entre nos mains réside dans notre consommation, notre capacité à faire des choix éclairés et inciter les entreprises de la mode et de la fast-fashion à repenser leurs méthodes de production.
Pour cela, j’ai choisi de vous proposer quelques solutions vous permettant de mieux choisir les vêtements en coton que vous achetez.
Acheter des vêtements en coton bio
Même si le coton bio est toujours problématique du fait de sa structure intrasèque, le coton bio possède malgré tout de nombreux avantages.
Voici quelques labels intéressants auquel vous pouvez vous fier lorsque vous achetez un vêtement en coton.
⚠️Tous les labels de coton bio ne se valent pas ⚠️
Les labels de cotons bio à éviter
Better Coton Initiative: aucune traçabilité sur l’origine du coton, ni ses méthodes de production
Le coton bio non certifé: lorsqu’une marque vend des produits en coton bio non-certifiés, il y a de fortes chances que leur coton ne soit pas réellement du coton bio. Un produit non certifié en coton bio est d’ailleurs interdit à la vente dans certains pays, mais de façon générale si le produit fini n’est pas certifié, cela veut dire qu’aucun certificat de transaction n’est exigé entre les acteurs de la chaine de valeur et de ne pas utiliser de coton bio mais de le faire croire sur « parole » aux différents acteurs.
Les labels de cotons bio à préférer
OCS: Cela signifie que le coton est cultivé sans OGM et sans produits chimiques avec une traçabilité du champ jusqu’au client final.
GOTS: certifie comme la précédente mais GOTS va plus loin et assure une gestion raisonnable et contrôlée de l’eau pour l’irrigation des champs, La garantie d’un respect des conditions sociales de travail basées, La garantie que les produits finis certifiés GOTS ont été fabriqués sans aucun produit toxique ; ni pour l’environnement, ni pour les ouvriers de production et ni pour les utilisateurs.
Okeo-tex
CmiA et CmiA-Organic
Max Havelaar - Fair Trade
BioRe
Naturtextil
Acheter des vêtements qui ne sont pas en coton
Il y a de plus en plus de marques qui portent des alternatives, avec la possibilité d’acheter des produits qui utilisent le lin, le bambou (oui, oui), le chanvre ou encore la noix de coco ou les feuilles d’ananas qui sont des matières premières bien plus responsables que le coton.
Le lin et le chanvre poussent en France et la filière textile française est en plein développement. C’est une super alternative car en achetant ce genre de produits, vous créez de l’emploi en France et limitez votre impact lié à la culture de coton dans d’autres pays du monde.
Côté matière moins responsable pour nous autres français, on peut désormais acheter des vêtements en fibre de noix de coco ou en feuille d’ananas.
Découvrez https://www.ananas-anam.com/ pour acheter des vêtements en feuille d’ananas par exemple.
Sinon, tu peux te mettre à porter du lait périmé: https://www.qmilkfiber.eu/ une entreprise allemande vient de créer un procédé innovant permettant de transformer le lait en poudre périmé en tissu. Affaire à suivre 🧐
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Cette série sur l’industrie du textile a pour but de décortiquer les différentes étapes de la création d’un vêtement et d’y faire un lien avec l’impact sur l’environement.
E1 : Les matières premières 🌱
E2 : La transformation de la matière première au tissu 🧶
E3 : La teinture 💦
- PARTIE 1: L’impact des teintures sur l’environnement
- PARTIE 2: Les alternatives pour lutter contre la teinture industrielle
E4 : Le transport et la vente 💸
E5 : Le recyclage des vêtements ♻️
Des guides dédiés à chacune de ces matières seront édités par la suite. Pour le moment, nous nous focaliserons sur le processus de création d’un vêtement en coton.