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Cette série sur l’industrie du textile a pour but de décortiquer les différentes étapes de la création d’un vêtement et d’y faire un lien avec l’impact sur l’environement.
E1 : Les matières premières 🌱
E2 : La transformation de la matière première au tissu 🧶
E3 : La teinture 💦
- PARTIE 1: L’impact des teintures sur l’environnement
- PARTIE 2: Les alternatives pour lutter contre la teinture industrielle
E4 : La fabrication 👘, le transport 🚛 et la vente 💸
E5 : Le recyclage des vêtements ♻️
Des guides dédiés à chacune de ces matières seront édités par la suite. Pour le moment, nous nous focaliserons sur le processus de création d’un vêtement en coton.
🎶 Those rays - Naâman & Nemir
Recyclage.
Dans un modèle linéaire '“acheter-consommer-jeter” ce mot n’existe pas. Pourtant, en France notamment, les producteurs de textiles, linges de maisons et chaussures sont soumis à la responsabilité des producteurs. (C’est la loi AGEC, qui s’applique à l’industrie du textile depuis le 1er janvier 2022 qui a permis de lancer la REP)
Et en fait c’est plutôt cool cette loi car La Responsabilité Elargie du Producteur (REP) est basée sur le principe « pollueur-payeur » : les entreprises, c’est-à-dire les personnes morales responsables de la mise sur le marché français de certains produits, sont responsables de l’ensemble du cycle de vie de ces produits, depuis leur conception jusqu’à leur fin de vie, et donc leur recyclage.
La REP transfère donc tout ou partie des coûts de gestion des déchets vers les producteurs.
Un point fort de cette loi, qui ne concerne que la France (🇫🇷 🥖): l’interdiction de la destruction des invendus. Le chemin reste encore long car en 2018, seulement 39% de la production de textiles avait été collectée.
Pour imager la chose, regardez un peu les statistiques françaises de retraitement des vêtements en France.
Refashion est l’éco-organisme de la Filière Textile d’habillement, Linge de maison et Chaussure.
Il assure, pour le compte de plus de 5000 entreprises, la prise en charge de la prévention et de la gestion de la fin de vie de leurs produits, mis sur le marché grand public.
Pour aller plus loin et tout savoir sur la réalité du cycle de vie d’un vêtement recyclé en France, vous pouvez regarder ce documentaire créé par Hugo Clément, issu de sa série “Sur Le Front”, produit par France 5.
Bien évidemment, dans notre beau monde capitalistique, nos amis de la fast-fashion ont trouvé des débouchés pour leurs invendus et autres vêtements de seconde main.
Par exemple au Ghana, 15M de vêtements sont écoulées chaque jour dans le marché aux vêtements de secondes mains. Le tout, gracieusement envoyé par container depuis les pays les plus développés du monde.
Vendus à 130€ la tonne de vêtements de seconde main en France, ceux-ci se retrouvent vendus 1800€ la tonne en Afrique. De ces vêtements vendus en Afrique, 40% ne seront jamais utilisés et finiront dans des décharges à ciel ouvert. Comme le montre le reportage ci-dessous au Kenya.
Ce documentaire présente le désastre écologique, social et sanitaire en cours au Kenya en ce moment. Les vêtements de seconde main arrivent de partout dans le monde et inondent l’Afrique. Les géants du textile mondial ont ici trouvé une voie pour donner une seconde vie aux vêtements que les habitants des pays riches ne veulent plus utiliser.
Le recyclage des vêtements ça a du bon, mais il faut faire attention ! Au Kenya par exemple, qui est un pays en voie de développement, aucune filière de revalorisation de ces vêtements n’existe. Ils finissent donc dans les cours d’eaux ou dans les décharges à ciel ouvert … Vous pensez bien que tous les vêtements qui arrivent ne sont pas en parfait état où ne sont pas adaptés au climat tropical !
L’impact économique mondial de notre surconsommation de textile
Au Kenya, qui était historiquement, un producteur de coton, il n’est plus possible de créer des activités économiques autour de l’habillement et du textile car il y a un tel afflux de vêtements de seconde main depuis les pays développés que cela a tué toute l’économie.
En voulant bien faire chez nous, nous créons des problèmes dans d’autres endroits. La solution, apparaît un peu plus clairement maintenant à nos yeux: il faut consommer des vêtements de façon différente.
Je ne suis pas en train de vous dire qu’il faut se mettre à la méthode Kondo et devenir un/une as du minimalisme. Mais il faut peut-être repenser la façon que nous avons de consommer du textile.
C’est un tel fléau que le Rwanda, un autre pays africain, a interdit l’import de vêtements de seconde main en 2018, imaginez ! D’autres pays ont dû faire marche arrière à cause des menaces de sanctions économiques imposées par les états-unis …
Pour éviter que le désastre continue, le recyclage est une réelle opportunité. il y a quand même 39% des vêtements qui sont recyclés, c’est un bon début !
Le recyclage des vêtements
Comme vu précédemment, tous les vêtements ne peuvent être réemployés en friperie. Certains sont en trop mauvais état et sont donc recyclés. Le recyclage de vêtements est compliqué et diffère en fonction de la fibre utilisée pour la création du textile.
Globalement, voici le processus simplifié du retraitement des tissus.
Si on regarde d’un peu plus près les différents types de revalorisation, on retrouve la réutilisation, c’est à dire le marché de la seconde main. Vient ensuite le recyclage et enfin la destruction puis la valorisation énergétique et l’enfouissement.
Recyclage fibres textiles naturelles
Les fibres textiles naturelles sont triées par type de matériau et couleur. Le tri des couleurs permet d’éviter d’avoir à teindre un tissu à nouveau. Cela permet ainsi de pouvoir économiser de l’énergie et d’éviter d’utiliser des produits polluants.
Le textile est ensuite effiloché pour ensuite être refilé. Il s’agit de broyer les tissus pour obtenir des matériaux recyclables servant à la fabrication de nouvelles fibres. En gros, les professionnels font le processus inverse à celui que nous avons décrit à l’étape de la transformation du coton en tissus.
Selon l’utilisation finale du fil, d’autres fibres peuvent être incorporées dans le processus. À l’issue du processus, le fil est prêt à être utilisé ultérieurement pour le tissage ou le tricot.
Recyclage fibres textiles synthétiques
Dans le cas des textiles à base de fibres synthétiques, les vêtements sont déchiquetés puis granulés et transformés en copeaux. Ceux-ci sont ensuite fondus et utilisés pour créer de nouvelles fibres destinées à être utilisées dans de nouveaux tissus.
Dans les faits, les choses ne sont pas aussi simples, au moment du délissage des vêtements pour le recyclage, c’est à dire l’étape de “préparation”, on s’aperçoit que pour certains vêtements, il y a beaucoup de pertes.
Les freins au recyclage de vêtements
Beaucoup de marques n’intègrent pas encore dans le processus de création une réflexion autour de la réutilisation de leur produit. C’est pour cela qu’aujourd’hui il y a beaucoup de perturbateurs au recyclage des textiles.
Par exemple, le fait d’avoir des tissus composés de plusieurs matières est un problème car cela complexifie le mécanisme de revalorisation.
L’élasthanne est d’ailleurs un fléau pour les mécanismes de recyclages automatiques actuels. En effet, l’élasthanne est recyclé via des produits chimiques (bah oui, il n’y en avait pas encore assez 😅) et encore majoritairement réalisé en Asie, dans des conditions qu’on imagine loin des standards européens.
Plus généralement, voici quelques freins intrinsèques au recyclage des tissus:
La composition de l’étoffe : composants, même en faible proportion, qui perturbent ou bloquent complètement le recyclage d’un article dans une ou plusieurs voies de recyclage.
L’aspect général de l’article : la coloration de l’étoffe et les colorants utilisés pour le teindre provoquent des réactions chimiques lors de sa réutilisation ou lors de la tentative du recyclage par voie chimique.
Apprêts et finitions qui empêchent le recyclage des fibres ayant subi une altération.
La contexture : le type de maille (liage) ou d’armure de l’étoffe qui empêchent le recyclage par des procédés mécaniques de revalorisation
L’utilisation de l’article au quotidien : l’utilisation de produits nocifs comme les détergents empêchent le recyclage chimique tout autant que les conditions de collecte d’articles souillés et humides bloquent le recyclage mécanique.
Mais tout n’est pas négatif ici, il existe des solutions pour améliorer l’efficience de la filière de recyclage des vêtements, en France.
Les facilitateurs au recyclage de vêtements
Les facilitateurs au recyclage sont des ensembles d’éléments permettant de fluidifier et de faciliter le traitement des vêtements en cours de recyclage.
Ils constituent un intérêt pour chaque étape et sont donc essentiels à prendre en compte lorsque vous passez à l’achat.
C’est nécessaire de réfléchir à la revalorisation de ses vêtements quand on voit l’impact mondial de son non-recyclage. Malheureusement, aujourd’hui, trop d’entreprises ne créent pas des vêtements étant recyclable “par design”
L’homogénéité du vêtement
L’homogénéité impacte positivement son recyclage et sa transformation. On retrouve plusieurs critères d’homogénéité possibles: Par couleurs, par composition, par emplacement des perturbateurs externes (eg. boutons, noeuds en dentelles …)
Standardisation des vêtements
La standardisation des vêtements professionnels permet un réemploi et la création de filières spécialisées. Ce n’est pas encore le cas aujourd’hui mais c’est une opportunité intéressante pour le futur.
Au delà du recyclage du vêtement, c’est aussi un enjeu social, de création d’emploi et de compétences locales, permettant une ré-industrialisation de la France sur des sujets abandonnés depuis trop longtemps.
Séparation et démantèlement automatique
Anticiper la séparation des fils et leurs démantèlements automatique rend le recyclage d’autant plus facile pour la gestion du cycle de vin de vie des textiles. Cela évite ainsi la perte de matière ou le passage nécessaire par la découpe par exemple.
Comment avoir un impact positif sur le recyclage des vêtements ?
C’est la vrai question, à laquelle il est possible de répondre assez facilement au vu des éléments que nous venons d’aborder dans cet article:
Acheter des vêtements n’ayant qu’un seul type de composant (eg. 100% Coton)
Ne pas jeter ses vêtements (ni les sous-vêtements !) à la poubelle mais les déposer en centre de dépot (Cliquez ici pour trouver le point de dépot de vêtement le plus proche de chez vous pour faciliter le recyclage !)
Faites réparer vos vêtements chez des couturiers à proximité de votre logement (ou apprenez la couture 😁), il y a un annuaire des couturiers français disponible ici. Vous pouvez même faire appel à des couturiers à domicile avec Tilli, plutôt cool !
Réparez vos vêtements avec des solutions comme ClickNZip qui vous aide à régler les problèmes de fermeture éclair bloquées avec des produits super innovant. On vient de me déposer un pantalon à réparer, je vous montrerai ce que j’ai fait !
Privilégiez les marques qui intègrent le recyclage dès la conception du produit. Et pour cela, j’ai fait une liste de marque qui ont une démarche positive au sujet du cycle de fin de vie des vêtements
Sneakers Corail 100% issues de produits recyclés
Chaussure de runing Index.O1 de Salomon conçue pour être recyclée en fin de vie
TBS et sa série “Re-source”, recyclable à l’infini