Cette série sur l’industrie du textile a pour but de décortiquer les différentes étapes de la création d’un vêtement et d’y faire un lien avec l’impact sur l’environement.
E1 : Les matières premières 🌱
E2 : La transformation de la matière première au tissu 🧶
E3 : La teinture 💦
- PARTIE 1: L’impact des teintures sur l’environnement
- PARTIE 2: Les alternatives pour lutter contre la teinture industrielle
E4 : Le transport et la vente 💸
E5 : Le recyclage des vêtements ♻️
Des guides dédiés à chacune de ces matières seront édités par la suite. Pour le moment, nous nous focaliserons sur le processus de création d’un vêtement en coton.
❗️Cet article sera séparé en deux parties
Les alternatives et solutions pour lutter contre la teinture industrielle
🎶 Long Blond Animal - Golden Earing
La couleur des vêtements. Un élément essentiel dans la capacité pour chacun à créer un style vestimentaire adapté à l’image qu’il souhaite dégager. Un moyen de marquer sa différence et de s’affirmer.
Tout ça n’est pas nouveau !
Les premières traces de vêtements en coton (déjà!) teintés ont été découvertes au Perou et au Mexique entre 3100 et 2100 avant J.-C.
À l’époque, les teintures étaient naturelles: l’indigotier et le pastel sont des arbres qui étaient utilisées pour extraire des coloris bleu partout dans le monde. Mais on trouve aussi de nombreuses teintures issues du monde animal.
Le pourpre de Tyr, coquillage permettant l’extraction d’une couleur rouge foncée fût exploitée dans tout l’empire romain. Sa rareté en fit un produit très prisé de l’aristocratie romaine.
En France, le Kermès était la référence pour extraire des couleurs pourpres. Le Kermès n’est rien d’autres que la cochenille, ce mignon petit animal qui fait des filaments blancs sur vos plantes. Le kermès sera plus tard remplacé par son cousin des amériques “La cochenille du cactus”, plus productif en matière de récolte de teinture.
En fait, au travers de l’analyse de l’histoire des méthodes de teintures de vêtements, on s’aperçoit que c’est toujours la logique capitalistique qui l’a emporté.
Toutes les méthodes de teinture évoquées ici n’existent plus et ne sont plus pratiquées à l’échelle industrielle aujourd’hui. Pourtant vertueuse pour l’environnement, ces pratiques ont été délaissées au profit de procédés chimiques appliqués dès le XVIIIème siècle par la France .
Ces procédés ont été amélioré par l’utilisation de procédés chimiques permettant de créer des teintures plus efficaces que nous connaissons aujourd’hui.
Et aujourd’hui, je vous assure que la façon dont vos vêtements sont teints fait froid dans le dos tant cela pollue et détruit des vies et des ecosystèmes entiers du monde vivant.
“On peut prédire la prochaine couleur à la mode en regardant celle des rivières en Chine.” Orsola de Castro, co-fondatrice du mouvement Fashion Revolution.
Retrouvez son super compte Instagram ici.
Pour vous mettre dans l’ambiance, je vous conseille l’excellent documentaire River Blue, qui est accessible sur VIMEO on Demand pour 5$ (3,5€) dont voici le trailer:
Comment sont teints nos vêtements ?
Vous vous souvenez à l’étape précédente ? Je vous parlais du blanchissement du tissu pour qu’il soit plus solide et attirant à l’oeil.
C’était une des dernières étapes de la tranformation du coton en tissu prêt à l’emploi.
Ci-dessous, dans une étude réalisée par Greenpeace en 2011, vous pouvez notamment retrouver les colorants suceptibles d’être utilisés pour la coloration des vêtements.
On y apprends par exemple que l’on retrouvait des phtalates dans la composition des vêtements vendu par Zara.
Les phtalates sont des perturbateurs endocriniens impactant notamment la fonction reproductrice de l’être humain.
Avant la teinture
Qu’est ce qui est utilisé pour blanchir un vêtement ? De l’eau de javel, à des quantités astronomiques. Un joli bain d’eau de javel.
Le problème ici ? Et bien pour ceux qui ont suivi des cours de chimie (pas moi), ils savent que le chlore de se dissoud pas dans l’eau, il n’est pas biodégradable. Hors comme le blanchissement est souvent réalisés dans des pays où la régulation est plus permissive, le traitement des eaux n’est pas une priorité.
Les eaux usées, servant au blanchissement des tissus sont ainsi rejetées dans les cours d’eaux, fleuves et autres rivières. Polluant ainsi toute la chaîne alimentaire, les terres agricoles et donc bien évidemment, l’être humain.
Pendant la teinture
Dans la capitale chinoise du jean, la rivière Li à Xiantang, autrefois surnommée "Perle de la Chine", est polluée par le plomb et le mercure utilisés pour la teinture des jeans. Elle a vu son exploitation rendue impossible, aussi bien pour la pêche et l’agriculture que la consommation à cause des méthodes de coloration et de teinture utilisée pour la coloration des jeans.
Que contient un colorant synthétique pour le textile ?
Les colorants synthétiques posent problème car ils sont fabriqués à partir de ressources non renouvelables comme le pétrole. Non seulement ces ressources ne sont pas renouvelables mais leur procédé d’extraction libère du CO2 dans l’atmosphère. Ajoutant encore plus de pollution à une note déjà bien salée.
Voici une liste non exhaustive de produits chimiques utilisés dans les colorants pour vêtements :
Acides : Acide acétique (vinaigre), acide formique, acide chlorhydrique (esprit de sel), acide sulfurique (vitriol), acide oxalique
Bases : Soude caustique, carbonate de sodium, phosphate trisodique (de moins en moins), phosphate disodique
Sels : Acétate de sodium et Acétate d'ammonium, sulfate de sodium et sulfate d'ammonium, chlorure de sodium (sel), nitrite de sodium
Agents oxydants : peroxyde d'hydrogène (eau oxygénée), perborate de sodium, bromite de sodium, hypochlorite de sodium (eau de Javel), chlorite de sodium,
Agents réducteurs : hydrosulfite de sodium, sulfhydrate de sodium [23], glucose.
Ainsi, les teintures pour le textile représentent 60% à 70% des 800 000 tonnes de colorants produits mondialement chaque année dans le monde.
Les métaux lourds mais aussi le formaldéhyde et les phtalates, sont autant d’éléments contenus dans les colorants synthétiques susceptibles de perturber le système hormonal et d’augmenter les risques de cancer pour les salarié.e.s du textile et ceux qui portent ces vêtements. Le permanganate de potassium et le mercure par exemple, utilisés pour détendre et teindre les jeans sont très toxiques.
❗️Pour aller plus loin dans la compréhension des dangers que représentent ces produits chimiques, je vous invite à lire cet article.
Comment les tissus sont-ils teintés ?
La coloration d’un vêtement consiste en de grands bains dans lesquels les tissus baignés.
Au delà de la consommation d’eau délirante, (1kg de tissu teint nécessiterait 80 à 100L d’eau, s’ajoutant à la note déjà désastreuse de la culture du coton, d’après Richard Blackburn, du Centre des textiles techniques de l'Université de Leeds), les tissus sont teintés de différentes façons:
Il est donc possible de teindre le fil, le tissu ou le produit fini en plongée dans un bain de colorant.
La teinture en discontinu
Cette méthode utilise notamment des autoclaves, de grosses machines pouvant gérer de grandes quantités de tissus. C’est une méthode qui vise à tremper le tissu dans un bain d’eau et de colorant afin de l’imprégner de la couleur. La nuance colorique est fonction du temps passé dans le bain mais également des produits chimiques utilisés.
Le tissu doit pas la suite être lavé et le bain changé.
La teinture en semi-continue et continue
En continu, la fixation des couleurs est obtenue grâce à l’utilisation de produits chimiques, de chaleur sèche ou de vapeur après l’imprégnation.
En semi-continu, le tissu imprégné est mis en rotation dans une machine spécifique à une température de 20°C. Cette technique ne repose pas sur l’application d’un bain mais d’un passage répété du tissu.
Le double effet kisscool
Maintenant que vous maîtrisez la teinture textile sur le bout des doigts, vous comprenez d’où viennent les problèmes:
La création de teinture de synthèse est un catastrophe pour l’environnement et les humains
La coloration des tissus est un catastrophe pour l’environnement et les humains à plus long terme.
Rassurons-nous cependant, il existe de nombreuses alternatives et innovations qui viennent redonner du baume au coeur.
Tout n’est pas perdu car de nombreuses marques s’évertuent désormais à mettre au coeur de leur processus créatif des teintures responsables et raisonnables pour l’humain et l’environnement.
Ce sera le sujet de la partie 2 de cet article sur les teintures et leur impact sur l’environnement.
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Cette série sur l’industrie du textile a pour but de décortiquer les différentes étapes de la création d’un vêtement et d’y faire un lien avec l’impact sur l’environement.
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